• AR-MEN - L'ENFER DES ENFERSLe phare d'Ar-Men domine "la chaussée", une barrière de récifs à peine visible qui affleure à la surface de l'eau. Nombre de navires se sont échoués là et nombre de marins ont péri noyés, à la pointe Ouest de la Bretagne, dans ce coin réputé pour sa dangerosité. C'est dans la deuxième moitié du XIXème siècle qu'est entreprise l'édification du phare qui devrait mettre un terme à l'hécatombe mais le chantier est loin d'être facile d'accès, à peine quelques heures par an, d'où la lenteur avec laquelle s'érige le phare, décourageant les ingénieurs et mettant à rude épreuve la main d'oeuvre voire le ciment. L'histoire de ce phare si particulier au point d'être surnommé "l'enfer des enfers" est racontée par un des gardiens du phare habité par le fantôme de sa fille morte en mer. La composition graphique d'Emmanuel Lepage est une nouvelle fois faite pour couper le souffle, la houle et les embruns paraissent balayer le visage du lecteur. Le récit donne chair à cette aventure faite de courage et de douleurs qu'a été cette construction hors norme.

    Auteur : Emmanuel Lepage


    1 commentaire
  • REVUE DESSINEE N°17 - AUTOMNE 2017La Revue Dessinée, après 4 ans d'existence, opère des changements sur la forme, se fait plus aérée et plus claire qu'auparavant. Le fond reste toujours aussi prenant et intéressant. Il est question dans ce numéro du couple Balkany connu pour son goût de la flambe mais on en apprend plus qu'on en savait déjà avec le trait de Grégory Mardon, il y a également le passionnant dossier des algues vertes en Bretagne qui met en lumière un Etat plus soucieux de protéger les intérêts de l'industrie agro-alimentaire que de la sécurité publique, avec des enquêtes publiques volontairement non engagées ou sciemment sabotées. Ce récit dessiné fait écho à plusieurs émissions des "Pieds sur Terre" sur France Culture par lesquelles la journaliste avait précédemment ouvert ce grave sujet. La Revue Dessinée, c'est 220 pages de BD d'actu et d'information de grande qualité : on en redemande et ça tombe bien, c'est un nouveau numéro tous les trimestres !

    Auteurs : Collectif


    votre commentaire
  • CAPITAINE TIKHOMIROVUn membre de l'armée tsariste raconte la défaite, la débâcle et la fuite face à l'Armée Rouge et aux factions anarchistes. La Russie est en proie à la famine, rien n'a de prix hormis le pain, l'eau et la viande. Chargée de protéger certaines grandes villes, l'armée régulière est vite dépassée par les événements. Dans son échappée, le Capitaine Tikhomiroff ne rencontre que peur, mort et désolation. C'est la roulette russe à chaque fois que se croisent les hommes, qu'ils se déclarent russes blancs face à des rouges ou des noirs - et inversement ! - et c'est la mort assurée, il faut user de ruse et d'instinct de survie... Quand le général Wrangel abandonne l'armée qu'il est censé diriger, ils condamnent ses hommes à une mort certaine, Alexandre Tikhomiroff ne doit d'y échapper qu'à l'intrépidité du quarteron qu'il forme avec trois autres camarades, ils saisissent une ultime opportunité en laissant derrière eux près de 100 000 hommes. La fin du calvaire semble proche mais il n'en sera rien, l'exil en Turquie n'est pas synonyme du meilleur des accueils, les survivants de la débâcle seront parqués dans des camps, subiront régimes secs et épidémies, en attendant de servir de mains d'oeuvre corvéables à différentes industries... Qu'il est long le chemin vers la liberté ! Superbe album par ses crayonnés et par la geste de l'homme emporté dans la tourmente de la révolution, de la guerre, de l'immigration et de l'exil, le tout raconté par un fils soucieux de restituer l'histoire d'un père témoin de son siècle.

    Auteur : Gaétan Nocq


    votre commentaire
  • CYPARIS - LE PRISONNIER DE SAINT-PIERREEn 1902, l'éruption de la Montagne Pelée va causer la mort de 30 000 personnes soit la quasi totalité de la population présente dans la plus grande ville de l'île de la Martinique à l'époque. Cette calamité a pour cause l'impéritie des pouvoirs publics trop préoccuper par le second tour à venir d'élections locales pour s'inquiéter des signes annonciateurs de la catastrophe d'autant que de pseudo-savants engoncés dans leur suffisance leur apportent la caution scientifique demandée. Un nommé Cyparis, seul prisonnier des geôles de la ville à l'heure du drame, incarcéré la veille pour son ébriété sur la voie publique et son comportement violent, survivra à la nuée ardente qui s'abat sur la cité. C'est ce miracle que décrit l'album de Lucas Vallerie mais c'eût été sans relief si l'auteur ne s'attachait à décrire l'ambiance de l'époque et l'état d'esprit des différentes populations, c'est-à-dire tant des blancs coloniaux que des noirs locaux, en multipliant les points de vue, en donnant un aperçu des différentes strates de la société de l'époque. Il y a dans le récit un côté faussement naïf renforcé par le trait merveilleux du dessin qui emprunte un aspect "ligne claire", il y a une sorte de regard en coin, pas ironique mais clairvoyant qui se fait jour au fil de la lecture, le lecteur ouvre les yeux, a le sentiment de vivre à l'unisson avec la population la catastrophe, d'étouffer sous les nuages de cendres... L'auteur offre aux yeux ébahis du lecteur de superbes pleines pages de dessins mirifiques. Adhésion totale !

    Auteur : Lucas Vallerie


    1 commentaire
  • QUELQUES JOURS A VIVREUne infirmière entame son stage dans l'hôpital Victor Provo de Roubaix en soins palliatifs. Elle découvre les spécificités de ce service dédié à l'accompagnement de la fin de vie des patients. Ce sont près de 300 patients qui sont accueillis chaque année avec une durée de séjour d'une moyenne de 11 jours. Le personnel hospitalier tente de soulager les douleurs physiques des patients et leur apporter l'attention nécessaire à un départ imminent dans les meilleures conditions psychologiques possibles en apaisant au mieux leur angoisse, en entourant tant le patient que la famille. Le récit décrit la cohésion des équipes et ouvre la parole aux différents membres du personnel, chacun s'exprime sur les rapports particuliers aux patients générés par la proximité de la mort ainsi que sur la difficulté et le bienfait psychologiques d'exercer dans un tel service. Le récit se fait digne et serein, ne verse ni dans le compassionnel ni le misérabilisme et ce sans être abrupt, docte ou froid, bien au contraire. Il aborde aussi les aspects historiques voire ethnologiques de cette partie de la médecine consacrée à la fin de vie.

    Auteurs : Xavier Bétaucourt et Olivier Perret


    votre commentaire