Le récit est centré sur une journée d'été, de son matin jusqu'à son crépuscule, dans une petite ville balnéaire et touristique. Les personnages tous hauts en couleurs et croquignolets se passent le relais, donnant ainsi à voir une véritable fresque sociale des Français en bord de mer. Chacun s'épie. Chacun se jauge et se juge. Il y a beaucoup d'espièglerie et de fraîcheur dans cette peinture anthropologique. Elle est le résultat de beaucoup d'observation in situ et d'inventivité narrative. Pascal Rabaté et David Prudhomme ont travaillé en commun et ont un malin plaisir à mélanger leurs dessins. L'album est plus que plaisant, sa lecture met de bonne humeur. Il est comme un bon minestrone dont on apprécie la saveur de chaque ingrédient.

Auteurs : David Prudhomme et Pascal Rabaté

En 1984, une jeune femme reçoit un coup de fil d'un hôtelier des Hautes-Alpes lui indiquant qu'un de ses pensionnaires anglais a laissé, avant de partir, à l'attention de sa mère une lettre qu'il a été chargé de lui remettre. Sa mère est décédée depuis quatre ans. Piquée par la curiosité de savoir qui est l'homme qu'a manifestement connu sa mère, elle se rend à la pension de Saint-Veran, l'hôtelier lui donne pour chambre celle qu'occupait l'inconnu, elle y découvre la lettre testament, des photographies et plein d'éléments qui témoignent de sa vie tumultueuse. Il décrit notamment ses jeunes années, où à l'âge de 12-13 ans, il était élève de l'école Land Priors. Timide et pris à parti par certains de ses camarades, il avoue les lâchetés dont il s'est à l'époque rendu coupable, les perfidies qu'il a commises pour tracer sa route... Ce portrait sans fard qu'il dresse de lui ne cesse d'intriguer la jeune femme, d'autant qu'elle voit une photo d'elle, toute petite, tenant la main de sa mère, une photo manifestement prise par l'inconnu sans que sa mémoire ne lui rappelle ce moment vécu. Christian Perrissin s'empare de l'autobiographie d'un homme, écrivain anglais aujourd'hui quelque peu oublié, pour nous révéler tout l'aspect romanesque de son existence. Il introduit avec ingéniosité la vie de cet homme et rend avec talent l'atmosphère confinée et rigoriste de l'école de ses jeunes années, en pleine Première Guerre Mondiale, ainsi que ses tourments et ses émois. Guillaume Martinez use d'un classicisme idoine dans son dessin et d'une mise en couleurs à l'aquarelle dont les tons passés et surannés collent à l'ambiance de la période. L'album, qui ouvre une série de six, fait penser par son sujet et son traitement à certains des romans d'Edward Morgan Forster et des adaptations cinématographiques qu'en a fait James Ivory. Brillant !

Auteurs : Christian Perrissin et Guillaume Martinez

Solo évolue dans un monde post-apocalyptique où tout se résume à "manger ou être mangé". Les créatures qui luttent les unes contre les autres sont des hommes et des bêtes anthropomorphiques. Solo est un rat qui a la chance d'avoir été formé à la chasse et au combat par son père avant de quitter le giron familial et de tracer sa propre route. Cette dernière est plutôt semée de mauvaises surprises. Son aptitude au corps à corps et sa dextérité avec les armes le mènent, contraint, dans des arènes où le spectacle est fait de violence et de sang. Ce sont des combattants toujours plus forts qui lui sont opposés et Solo ne voit pas comment sortir de ces jeux du cirque... L'album est annoncé comme un T1 mais se lit comme un one-shot. Il attire par ses dessins singuliers qui ont quelque chose de dynamique, les scènes de combat sont légion, il y a du mouvement et de la vélocité dans le rendu graphique. Les textes sont écrits avec intelligence, ils s'en dégagent une certaine philosophie, celle de la survie et de la quête d'un monde meilleur.

Auteur : Oscar Martin