Troubs est invité par le Centre Culturel français du Turkménistan à superviser le travail d'artistes locaux pour la publication d'un recueil de poèmes traduits de Jacques Prévert. Grand voyageur, Troubs saute sur l'occasion pour découvrir ce pays qu'il n'aurait su, comme beaucoup, situer avec exactitude sur une carte géographique. Ex-région de la République soviétique, le Turkménistan à forte confession musulmane a gagné son indépendance mais est dirigé par un parti unique. Le pays entretient des liens commerciaux étroits avec la France et plus particulièrement avec l'entreprise Bouygues. La capitale impose un architecture colossale où le culte du chef est manifeste. Troubs aura bien du mal à rencontrer des autochtones en dehors du cercle avec lequel il travaille, la discrétion et la distance est de mise vis-à-vis des étrangers car tout échange attirerait l'attention de la police politique... Le lecteur découvre ce pays très contrasté à la suite du voyageur impénitent qu'est Troubs, le périple ressemble à celui fait par Guy Delisle à Pyongyang et narré bien antérieurement en BD.

Auteur : Troubs

Au-delà de la figure de l'artiste peintre Frida Kahlo, c'est également celles de son mari Diego Rivera et de ses amants qui sont évoquées ici. Le récit s'attache à la période où Léon Trotski, exilé, est arrivé au Mexique et y est mort sous les coups d'un sbire aux ordres de Staline. Il a été accueilli à l'initiative et dans la maison des Rivera, communistes de coeur. Femme passionnelle, jalouse, aussi avide d'hommes que son mari de femmes, Frida Kahlo ne s'en laisse pas compter et aspire à la reconnaissance pleine et entière de son art, ce qui adviendra avec des expositions aux Etats-Unis et en France. Femme de caractère, elle ne supporte pas André Breton qui clame que son art s'inscrit dans le mouvement surréaliste. Le récit est plein de verve, de tumulte, de sexe, de vie et de fureur. Le destin de Léon Trotski semble comme au centre du récit mais c'est bien Frida Kahlo qui rayonne.

Auteurs : Jean-Luc Cornette et Flore Balthazar

Nouvelle fournée pour la Revue Dessinée et elle se lit comme on mange du bon pain, avec appétit et gourmandise et avec le sentiment qu'il n'y en a jamais assez. Le reportage dessiné de Benoît Collombat et Etienne Davodeau sur le Service d'Action Civique, les hommes de main du gaullisme, est des plus édifiants. Le récit très documenté et des plus limpides sur les biens mal acquis de nombreux dirigeants africains n'est pas en reste, il montre le système très organisé de la Françafrique, c'est-à-dire des circuits d'argent entre les ex-colonnies françaises, les sociétés d'exploitation pétrolières françaises et les partis politiques français. La démocratie semble - à lire ces articles ! - un idéal bien mal servi par la réalité. Les autres enquêtes sont aussi passionnantes, notamment sur la société Frontex qui surveille les frontières extérieures de l'Union Européennes pour endiguer les flux migratoires entrants. Le quotidien d'un Tribunal d'Instance qui fait l'objet d'un documentaire est plein d'enseignement sur le fonctionnement de la Justice, on est loin des grands procès des Assises mais on touche au plus près au travail fondamental de cohésion social fourni par cette Institution dont les symboles premiers sont la balance, le glaive et le bandeau. Bref, à cause de curiosité, les 226 pages de la Revue Dessinée n°7 se dévorent et on a déjà faim du n°8.

Auteurs : Collectif

Simon attend toujours d'Héléna qu'elle comprenne qu'il est l'homme de sa vie comme il le prétend et le lui répète tous les jeudis après-midi dans son appartement où il la convie contre espèces sonnantes et trébuchantes mais en tout bien tout honneur, ils s'épanchent l'un et l'autre sur leurs sentiments comme une sorte de thérapie interactive. Simon est un homme riche et qui n'a pour obsession que de conquérir le coeur de celle qu'il a toujours aimé, depuis le lycée... mais elle veut faire sa vie sans lui et ne croit pas au discours romantique de ce garçon plaisant mais pour lequel elle n'a pas de véritable attirance. Simon fait de patience vertu. Héléna envoie un jour à sa place au rendez-vous du jeudi sa meilleure amie qui ne lui ressemble pas totalement mais n'en est pas moins agréable et sympathique. Héléna la missionne en quelque sorte pour faire entendre raison à Simon, lui faire lâcher l'affaire et le divertir... mais les choses prennent un autre cours que ce que d'aucuns pourraient imaginer. Le scénario de Jim est malin au point de ne pas en faire deviner la fin et de surprendre avec élégance.

Auteurs : Jim et Louis Chabane