En 1984, une jeune femme reçoit un coup de fil d'un hôtelier des Hautes-Alpes lui indiquant qu'un de ses pensionnaires anglais a laissé, avant de partir, à l'attention de sa mère une lettre qu'il a été chargé de lui remettre. Sa mère est décédée depuis quatre ans. Piquée par la curiosité de savoir qui est l'homme qu'a manifestement connu sa mère, elle se rend à la pension de Saint-Veran, l'hôtelier lui donne pour chambre celle qu'occupait l'inconnu, elle y découvre la lettre testament, des photographies et plein d'éléments qui témoignent de sa vie tumultueuse. Il décrit notamment ses jeunes années, où à l'âge de 12-13 ans, il était élève de l'école Land Priors. Timide et pris à parti par certains de ses camarades, il avoue les lâchetés dont il s'est à l'époque rendu coupable, les perfidies qu'il a commises pour tracer sa route... Ce portrait sans fard qu'il dresse de lui ne cesse d'intriguer la jeune femme, d'autant qu'elle voit une photo d'elle, toute petite, tenant la main de sa mère, une photo manifestement prise par l'inconnu sans que sa mémoire ne lui rappelle ce moment vécu. Christian Perrissin s'empare de l'autobiographie d'un homme, écrivain anglais aujourd'hui quelque peu oublié, pour nous révéler tout l'aspect romanesque de son existence. Il introduit avec ingéniosité la vie de cet homme et rend avec talent l'atmosphère confinée et rigoriste de l'école de ses jeunes années, en pleine Première Guerre Mondiale, ainsi que ses tourments et ses émois. Guillaume Martinez use d'un classicisme idoine dans son dessin et d'une mise en couleurs à l'aquarelle dont les tons passés et surannés collent à l'ambiance de la période. L'album, qui ouvre une série de six, fait penser par son sujet et son traitement à certains des romans d'Edward Morgan Forster et des adaptations cinématographiques qu'en a fait James Ivory. Brillant !

Auteurs : Christian Perrissin et Guillaume Martinez