• TOKYO VICEL'auteur américain, Jake Adelstein, parvient à se faire embaucher par le plus prestigieux des quotidiens japonais et appartient dorénavant au cercle très fermé des journalistes d'investigation du pays du Soleil Levant, il est affecté aux faits divers avant de pouvoir intégrer la brigade d'enquête sur les affaires mafieuses. Il arpente ainsi les quartiers chauds, fréquente les lieux de prostitution, tisse son réseau d'indicateurs tant dans la police que dans le milieu interlope. C'est à une véritable plongée dans les bas-fond du Japon urbain que le lecteur est convié, à une découverte de la face cachée de ce pays à l'image très lissée. La culture japonaise semble ainsi livrer certains de ces secrets. Le récit servira en outre à tous les apprentis journalistes à entrer dans les pas d'un illustre ainé et à en observer les méthodes.

    Auteur : Jake Adelstein


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  • AU LOINEn Suède, la famille Söderström vit péniblement  du métayage jusqu'où jour où la misère conduit le père à se séparer de ses deux fils, Linus et Hakan, leur payant de ses derniers deniers le voyage vers l'Amérique, le pays de tous les possibles. Hakan ne quitte pas d'une semelle son frère ainé débrouillard mais la foule, au moment d'embarquer, les sépare et Hakan monte à bord d'un bateau sur lequel son frère n'est pas et qui gagne non la destination initiale visée, New York, mais San Francisco. Désespéré, après des mois de périple en mer, Hakan est cependant déterminé à retrouver son frère, à traverser coûte que coûte le pays d'Ouest en Est. L'aventure ne sera pas facile, la nature et les rencontres seront plus hostiles qu'amicales et vont le forger, lui, l'enfant devenu colosse, au point que sa force et sa capacité de survie vont lui constituer une réputation à nulle autre pareille. Le roman donne par la qualité de son écriture hyperdescriptive une idée de cette vie fruste, aride et âpre qu'ont vécu bien des migrants au cours du XIXème siècle arpentant et défrichant cette terre pleine de promesses et de dangers. Les dialogues sont a minima et pour cause, Hakan débarque avec sa seule langue maternelle et les échanges sont de fait des plus primitifs avec les gens qu'il côtoie, citoyens d'autres nations que la sienne. Cette épopée solitaire a les dimensions de la légende héroïque, Hakan, allant de Charybde en Scylla, est accablé par son destin, subissant avec un stoïcisme sans égal la dureté des saisons et la méchanceté des hommes. Le récit use d'une langue minérale dont le lecteur apprécie le grain dès les premières pages avec l'attention et le tamis du chercheur d'or.

    Auteur : Hernan Diaz


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  • CELLE QUI FUIT ET CELLE QUI RESTE - L'AMIE PRODIEUSE IIILena poursuit une narration autobiographique où se mêlent sa propre vie, celle de sa meilleure amie Lila et les événements qui ont jalonné en Italie les années 60, à savoir les actions violentes de l'extrême gauche et de l'extrême droite. Lila, après avoir rompu avec son mari puis son amant, galère à joindre les deux bouts pour éduquer son fils unique, elle travaille dans l'industrie charcutière dans des conditions déplorables, elle va mener la révolte ouvrière au sein de l'usine, poussée par les mouvements étudiants, par sa force de caractère et son intelligence. Lena, a contrario, paraît tirer les fruits de ses années d'étude et goûte au succès de son premier livre, elle s'embourgeoise et est tout à son bonheur. La vie cependant réserve bien des surprises et ce qui semble acquis ne l'est qu'en apparence. Le lecteur se complaît, dans ce roman-fleuve des plus captivants, à observer les tumultes et les virevoltes de l'existence de deux femmes liées par une amitié où l'admiration le cède parfois à la détestation. C'est aussi l'histoire de la place des femmes dans la société italienne, de leur tentative d'émancipation malgré les traditions patriarcales et le souhait des hommes. A l'instar des meilleures séries audiovisuelles, "l'amie prodigieuse" se révèle complètement addictif, grâce notamment au style parfait de l'écrivain qui donne au lecteur des phrases ni trop simples ni trop élaborées, dans lesquelles chaque mot est à sa juste place, à la sonorité authentique et belle. Du grand roman populaire, quasi hugolien !

    Auteur : Elena Ferrante


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  • BLONDELe récit de la vie de Norma Jane Baker, dit Marilyn Monroe, se fait au plus près, dans l'intimité de cette femme à nulle autre pareille, parfois même dans sa tête ou dans celles de ceux qui l'ont côtoyée. Joyce Carol Oates multiplie les modes narratifs pour appréhender la gloire et le tragique de cette icône du cinéma, jouet manipulé par les hommes. Sa candeur légendaire, son corps plantureux érotisé, sa quête éternelle de reconnaissance et d'amour, la question du père, ses frasques, ses bascules volontaires dans le stupre, son addiction aux barbituriques, ses suicides ratés et son désir jamais comblé d'être mère, tout s'enchaîne comme une pièce en plusieurs actes conduisant à la conclusion fatale. Ballotée par son destin, Noma Jane est montrée très fragile psychologiquement, influençable, instable. L'écriture de Joyce Carol Oates fait parfois l'effet d'une comptine racontant le délitement inéluctable d'un personnage, le style s'apparente à celui d'un François Bon avec sa biographie sur les Rolling Stones, proche de la scansion, ou à celui d'un James Ellroy, avec son American Death Trip, par son âpreté et son goût pour la descente aux enfers.

    Auteur : Joyce Carol Oates


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  • LA NOTE AMERICAINEEn Amérique, le génocide des peuples indiens par l'homme blanc a laissé quelques survivants, ils sont parqués dans des réserves, déplacés au gré du bon vouloir des administrations. Au début du XXème siècle, le peuple osage est confiné sur des territoires rocheux en Oklahoma, mais le sous-sol se révèle au final gorgé de pétrole, les Osages sont millionnaires et cette richesse attisent les appétits. Plusieurs indiens meurent, assassinés, à l'arme à feu ou empoisonnés; les enquêtes - quand elles sont diligentées ! - avortent faute de moyens mis en œuvre et de compétences. Les disparitions se poursuivent et le Bureau of Investigation, futur FBI, prend la relève et il fait bien car il va mettre à jour la corruption de tous les rouages de la société pour s'accaparer la fortune des Osages considérés non comme des citoyens à part entière mais comme les rebuts dont il s'agit plus ou moins discrètement de se débarrasser. C'est le Règne de la terreur pour les Indiens. Un homme est au centre de cette organisation criminelle mais tout le monde ou presque semble s'en accommoder ou en tirer profit. Ce récit met en lumière un pan d'histoire des Etats-Unis plutôt méconnu et pour cause, il n'y a pas d'ignominie dans lequel l'homme est prêt à tomber pour s'octroyer les biens d'autrui, pour asservir l'autre par la stigmatisation et par la violence individuelle conjuguée à une violence institutionnalisée. Roman noir, très noir.

    Auteur : David Grann


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