• LA VEILLE DU GRAND SOIR : MAI 68Patrick Rotman, étudiant à la Sorbonne, était - bien que peu engagé ! - aux premières loges du mouvement de mai 68. Il raconte, historien spécialiste de la période qu'il est devenu, la rue mais aussi les coulisses du pouvoir, il fait saisir aux lecteurs toute la chronologie mais aussi les indécisions du pouvoir face à une révolte qui dépassait son entendement, les volontés du Général de Gaulle de faire tirer sur les lanceurs de pavé, la réticence du syndicat CGT et du parti communiste à accompagner le mouvement, les moments de bascule, le grand vide du pouvoir lorsque, grand tacticien, le Général de Gaulle part à Baden-Baden sans même en aviser son premier ministre... L'album est une immersion dans l’effervescence de l'époque et donne la mesure de cette période charnière pour la société française.

    Auteurs : Patrick Rotman et Sébastien Vassant


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  • SOUS LES BOUCLETTESTémoignage d'une fin de vie, "Sous les bouclettes" ne verse pas dans le pathos. La narration est tout en retenue bien que n'occultant rien de la déchéance du corps et des ravages d'une tumeur cérébrale. Mélaka, fille de Gudule, raconte la douleur d'une perte en devenir et convoque le souvenir des bons moments partagés. Le récit est d'ailleurs entrecoupé de courts chapitres en guise de respirations qui sont l'adaptation de textes écrits par sa mère, femme de lettres, talentueuse et engagée. Tout l'album est de fait parcouru par la vie qu'insufflait à ses proches Gudule, par sa drôlerie, ses bévues, ses colères, ses rencontres, ses amours, ses chances... Toutes ces choses que la maladie et la mort emportent. Mélaka évoque le moment où l'entourage en vient à souhaiter que la dernière heure sonne afin que la torture qu'inflige la maladie laisse place au soulagement.

    Auteur : Gudule et Mélaka


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  • A TOUTE BERZINGUELe narrateur s'aventure dans l'outback australien, à la découverte de ses immensités désertiques, de ses pistes, de sa faune,... Il ne pensait pas aller bien loin mais la rencontre d'une jeune femme en détresse pourchassée par une créature mi-homme mi-démon va l'entraîner aux enfers. Le récit est trépidant et pour cause puisque les actions s'enchaînent les unes aux autres, ne laissant aucune place à autre chose, si ce n'est à la montée de l'adrénaline, du stress et de cette idée que tout est fini, avec la mort aux trousses. Ce n'est sans doute pas le meilleur Kenneth Cook mais on se surprend à tourner les pages avec une avidité certaine. Le style est sobre et efficace. On a eu sa dose de plaisir et de frisson, là est l'essentiel.

    Auteur : Kenneth Cook


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  • THE PROMISED NEVERLAND T1Dans un orphelinat exemplaire où les enfants semblent s'épanouir avant d'être adoptés, trois pensionnaires âgés de 11 ans découvrent par hasard que l'institution n'est qu'un leurre et que la personne qui l'encadre et à laquelle ils témoignent une affection sans borne est dans la duplicité. Elle serait au service de démons qui comptent sur ses bons offices pour entretenir le vivier qu'est l'orphelinat afin de leur servir les plats de choix que sont les enfants arrivés à maturation. La nourriture la plus goûteuse serait les enfants les plus intelligents et les plus âgés sans toutefois qu'ils excèdent les 12 ans. Nos trois héros comprennent qu'ils sont les prochains sur la liste, pour être livrés en pâture aux démons, et il leur faut de fait impérativement échafauder un plan d'évasion. Le récit happe le lecteur dès la première page et le tient en haleine de bout en bout en attisant de manière constante sa curiosité. Le rythme de la narration ne connaît aucun temps mort, la construction scénaristique joue sur les découvertes progressives de l'univers et sur les révélations effarantes par lesquelles tombent les faux-semblants et les mensonges. Les héros font face à une réalité des plus dures, à la manière des cruels contes pour enfants. Ils affrontent le monde des adultes et tentent de s'extraire de ce à quoi ils sont voués, ils prennent leur destin en main et savent qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, seuls leur intelligence et leur solidarité les sauveront. Ce thriller s'inspire de la série Death Note dans sa construction et par certaines thématiques, tout en s'adressant à un beaucoup plus large public. Il est un shonen par excellence qui véhicule des valeurs positives. Il y est question de manière plus ou moins imagée du passage de l'enfance à l'adolescence, des interrogations et des angoisses propres à cet âge où tout paraît se révéler dans une froide réalité à affronter. Par le fait d'être à la fois un pur divertissement des plus captivants et une métaphore fantastique de la prise de conscience à l'adolescence de ce qu'est la vie et de la dureté de celle-ci, The promised Neverland se distingue sans conteste de toute la production manga par ses qualités et par sa force.

    Auteurs : Kaiu Shirai et Posuka Demizu


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  • PROFESSION DU PEREC'est une enfance brisée qui est décrite dans ce roman, une enfance ravagée par la mythomanie, la paranoïa et la perversion narcissique d'un père. Fervent défenseur de l'Algérie française, ce père exige de son fils qu'il exécute ses ordres, notamment d'inscrire sur les murs de son quartier les trois lettres "OAS" et de vouer un culte à Salan. Le garçon n'a d'autre choix que l'obéissance, sauf à vouloir goûter la ceinture du père, père violent qui a réduit son épouse au silence et à l'effacement, qui a composé une famille repliée sur elle-même, centrée sur les récits patriarcaux délirants. Le père sait toujours se donner le beau rôle au point d'atteindre au merveilleux, l'enfant en est tout à la fois fier et craintif et il va par mimétisme sincère entraîner un de ses camarades de classe dans son délire. Le récit n'est pas seulement celui d'une enfance dévastée, c'est aussi celui - en filigrane ! - de la résilience quasi impossible de cet enfant devenant homme. Sorj Chalandon avec un style sans fioriture construit graduellement son roman  pièce à pièce - sans esprit de revanche mais objectivement ! - comme un dossier légitimement à charge contre un père et une mère qui ne furent des parents que négativement. L'émotion augmente à la lecture du récit jusqu'à la dernière page et le dernier mot, une émotion tendue par l'anxiété et par un amour jamais gagné, à jamais perdu.

    Auteur : Sorj Chalandon


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