Après les trois volumes de "La vie secrète des jeunes", Riad Sattouf se focalise sur la vie d'aujourd'hui vue à hauteur de jeune fille. Esther est un mélange d'insouciance et de gravité propre à son âge, elle jette un oeil naïf sur l'existence et son entourage. Ellle est raide dingue de son père, n'a quasiment pas un mot pour sa mère, ne supporte pas son frère aîné, tente de comprendre le monde tel qu'il se donne à elle. Elle est le fruit de son temps. Elle se montre parfois cruelle et égoïste sans avoir conscience de l'être, elle est à d'autres moments pleine de tendresse et d'égards pour les autres. Elle parle sans retenue de ses rêves, de ses envies, de ses phobies, de ses déceptions et de ses joies, de tout ce qui constitue son quotidien. Elle est attachante car elle grandit, se construit sous les yeux des lecteurs qui apprécieront de la lire encore au fil des ans pour la voir mûrir, évoluer, changer, vivre en somme. Riad Sattouf invente la BD-réalité moins superficielle cependant que son pendant télévisuel. "Esther" est à croquer !

Auteur : Riad Sattouf

Alexandre Jacob avait lors de ses procès le verbe haut, une véritable faconde, à la manière d'un Lacenaire mais dont les crimes auraient été pour la bonne cause. En effet, il est un militant anarchiste conspuant la propriété, le bourgeois et ses lois. Il dérobait aux riches pour son compte, sa famille, ses amis et le mouvement. A-t-il inspiré Maurice Leblanc pour la composition du personnage Arsène Lupin ? Il y a de l'analogie mais point de strictes ressemblances. Ses forfaits l'ont conduit en prison puis au bagne, il se sera servi de ses passages aux Assises comme tribune pour promouvoir les idées anarchistes et le public le lui rendait bien. L'album, par cette figure atypique, non-conformiste, parle d'une époque où la société était dans une notable effervescence politique, le mouvement ouvrier en pleine construction, l'anarchisme faisait trembler le bourgeois, l'ordre établi par ses forfaits et ses attentats. Le récit est enlevé, rythmé, espiègle à l'aune du personnage, le dessin cligne du côté de Blain, Blutch et consorts. On ne saurait être en meilleure compagnie !

Auteurs : Vincent Henry et Gaël Henry