Aspasie, la Grande Pythie de Delphes, a, comme nulle autre pareille, le don de voir l'avenir et ses prophéties sont aussi redoutées que sa beauté est convoitée. Qu'elle perde sa virginité et elle perdra son pouvoir ! Apollon, le dieu sous l'égide duquel elle officie, toujours en quête de nouveaux plaisirs, viole Aspasie. Durant l'acte charnel, la Pythie aperçoit la fin de ce dieu débauché. Un des acteurs de sa chute est Eurycratidès, roi de Sparte et chef des invincibles armées spartiates. Toutes les stèles de Grèce à l'effigie d'Apollon sont renversées et Eurycratidès guerroie, défiant les dieux de l'Olympe... Il conduit la vengeance d'Aspasie, telle semble être écrite la dernière prophétie ! Olivier Peru prouve une nouvelle fois son talent à captiver l'attention par son sens de la dramaturgie, il utilise à bel escient la mythologie grecque pour constituer une histoire de vendetta contre les dieux. Il laisse ainsi entrevoir le rapport qu'entretenaient les Grecs de l'Antiquité avec leurs Dieux qui pour immortels qu'ils furent savaient leur destinée liée à la croyance que le peuple leur portait. L'action décrit l'entreprise des hommes à renverser leurs idoles. Le récit est agréablement tissé, jouant avec les fils que sont la vengeance et le mensonge.

Auteurs : Olivier Peru et Stefano Martino

Venise vit au XVIème siècle une véritable effervescence artistique, les peintres rivalisent les uns avec les autres, il en est un qui semble surpasser tous ses confrères, c'est Antonello de Messine qui parvient à animer ses portraits, ses tableaux d'une telle étincelle de vie que tout un chacun en est subjugué. Il est objet d'admiration et de jalousie et les nantis se pressent à sa porte pour obtenir de lui qu'il peigne pour eux. Tout le monde veut sa toile signée du maître. Un riche banquier le sollicite en toute discrétion pour qu'il immortalise la beauté de sa femme avant qu'elle ne se fane. Antonello de Messine donne ainsi l'un de ses tableaux les plus inspirés, il parvient à fixer toute la grâce de son modèle dont il tombe éperdument amoureux et dont il obtient les faveurs, il contente en sus le mari trompé par sa réalisation qui touche à l'absolu et à l'éternité. Le roman graphique de Jean Dytar est une composition parfaite qui satisfait et l'exégète et le profane, il mêle le romanesque à l'Histoire de l'Art et enchante par le bouillonnement dont il est plein. Les personnages ont de la chair, de l'émotion et du sentiment. Le lecteur ferme le livre avec l'envie de le rouvrir encore.

Auteur : Jean Dytar

Lorenzo Mattotti illustre la couverture de ce troisième numéro de La Revue Dessinée dont la thématique commune est  l'instinct de vie et l'instinct de mort. Ce nouvel opus démarre le tour d'horizon des nationalismes européens avec un reportage sur la formation des cadres du Front National. Est évoquée d'un point de vue technique et symbolique l'histoire de la guillotine en France, depuis son invention jusqu'à son abandon. Le psychédélique jazzman Sun Ra est au rendez-vous des chroniques ainsi que l'incroyable guerre que livre les nations à l'encontre de larves de mouches. Curieux, malin, instructif, le trimestriel qu'est Le Revue Dessinée ne cesse d'étonner par ses qualités.

Auteurs : Collectif